Et si elle n'était qu'une...
Titou va avoir bientôt 3 ans, et à cette période, un thème revient bien souvent : le petit deuxième.
Oh pas chez nous. Pour le moment les choses sont claires, il n'est pas prévu.
Mais notre entourage, famille, amis, nounou, et même mon médecin ne peuvent s'en empêcher : "alors le petit deuxième, c'est pour quand ?".
Comme si faire un enfant supposait nécessairement qu'il y en aura plusieurs. Comme si un enfant, c'était une fratrie en devenir, un groupe inachevé.
Comme si une famille composée de deux parents et un enfant n'était pas "finie".
Pourtant, nous on est bien à trois. On a pu me demander "Tu lui diras quoi quand elle te demandera un petit frère ou une petite soeur?" ou "Seule elle va s'ennuyer tu crois pas ?".
Forcément on y a un peu pensé. Un peu. Parce qu'en vérité, avant de penser à ce qu'elle pourra bien en dire dans quelques années, la vraie question serait plutôt : avons-nous envie d'avoir un nouvel enfant ?
Et là force est de reconnaître que non.
Titou est une petite fille adorable et facile à vivre. C'est donc pas l'épuisement ou un souvenir difficile de la première fois qui nous retient.
La vérité, je crois, c'est qu'on est bien à trois. Avec une enfant plus grande aussi. Je n'ai pas envie de re-pouponner. J'adore l'idée que ma fille grandisse, ouvrant de nouveaux horizons, ceux de tous les possibles.
Balades, sorties, restos, visites, expos, bientôt cinéma, escapades citadines, voyages longs courriers, toutes ces choses bien compliquées avec un tout petit, qui deviennent pour nous possible (plus) facilement, sans contraintes, sans intendance complexe.
Je ne dis pas qu'avec un tout-petit on ne peut plus rien faire. Je dis que c'est moins simple. Je dis qu'on ne l'a pas fait.
Et puis surtout, on a notre équilibre. Un rythme à nous. Et à trois. Qui enfin s'est installé, qui nous convient parfaitement bien.
Pour le moment, aucune envie de changer cela.
Un jour peut-être, l'envie d'enfant sera de nouveau là, plus forte que tout. Comme pour Titou.
Pour le moment ce n'est pas le cas, on est bien à 3. L'envie que l'on a, c'est celle de profiter de ce qu'on est là.
Je revendique mon droit à l'enfant unique, quoiqu'on m'en dise.
Un enfant unique n'est pas forcément un enfant pourri gâté égoïste. Non. Ca dépend de l'éducation qu'il reçoit, pas de son statut.
Ce n'est pas forcément un enfant triste, associable et esseulé. Elle a et aura de la famille, des amis... Et puis si les fratries étaient sources d'amour perpétuel et inconditionnel ça se saurait non ?
Pour illustrer ce billet, j'ai longtemps cherché une image qui me parle. J'ai tapé "famille" sur google. Toutes les illustrations proposaient papa-maman et plusieurs enfants. Puis "enfant unique". Là j'ai vu apparaître des illustrations de la politique chinoise de natalité.
Je n'ai pas pu m'empêcher de constater que la famille monoparentale ou homoparentale ne ressortait pas non plus.
La famille, ce concept figé dans l'esprit général.
J'ai pu échangé récemment avec plusieurs parents d'enfants uniques. Uniques par choix, ou par un coup de la vie, parfois les deux. Tous ont dit avoir eu à se justifier. S'être fait traiter au choix d'égoïstes parce que leur enfant serait seul, ou de radin parce qu'ils osaient assumer qu'avec un ils compteraient moins à la fin du mois qu'avec deux.
Devoir justifier ce choix-là reste pour moi incompréhensible. Est-ce qu'on demande aux parents qui font deux, trois enfants, ou plus, pourquoi diantre ils ont eu cette idée ?
Alors pourquoi nous, parents d'un enfant unique, devrions expliquer pourquoi ?
Ma famille c'est celle que je veux. Elle me ressemble à moi. Elle est ce que je veux qu'elle soit.
Et pour le moment, c'est une famille mono-enfantale.