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Témoignage : ma grossesse, mon fils, ma bataille

11 Avril 2012 , Rédigé par Sophie Publié dans #Entretiens

Suite à la publication de mon article sur les vérités sur la grossesse, une lectrice m'a contactée, pour me parler de sa grossesse. Partager les difficultés de ce qu'elle a connu, une grossesse qui a été difficile, un accouchement qui lui a "échappé".

Mais aussi et enfin du bonheur de la maternité, et de la capacité de résilience de l'humain, décuplée par la présence de l'enfant.

 

"Comment s'est passée ta grossesse ?"

Si tu poses la question au papa il te répondra : "Hyper bien, vraiment on a eu aucun souci, un petit au début mais vite résolu, pas de nausées matinales, évolution normale, vraiment aucun problème cette grossesse ! Des comme ça franchement tu peux en avoir 10!"


Hum, ce à quoi je m’empresse d’ajouter que "Oui enfin ce n’était pas la panacée non plus" et de penser "On voit bien que ce n’est pas lui qui était enceinte et merde je l’ai emmerdé si peu ? s’il y’a une prochaine fois je ne t’épargnerai rien mon chéri…"


Parce qu’en vérité, une grossesse c’est tout de même 9 mois de galère !

 

J’étais ravie quand je me suis rendue compte que j’étais enceinte. Le problème c’est que j’étais toute seule. En raison de mes fonctions, je suis souvent en déplacements, éventuellement loin de chez moi. Et au début de ma grossesse c’était le cas. En temps normal cela ne pose aucun problème, je suis indépendante et cultive mon indépendance, j’aime voyager et découvrir de nouvelles villes, je n’ai absolument besoin de personne et surtout pas de mon amoureux pour survivre dans ce monde en dépit du fait que ce soit une femme ! Vous vous rendez compte ?


Sauf qu’être enceinte, c’est porter un projet qui nécessite d’être deux. C’est un des facteurs qui pour moi a été le plus dur à accepter : me rendre compte que toute seule je ne pourrais pas TOUT gérer et que, de fait, j’aller avoir besoin d’autrui, en l’espèce celui qui avait largement participé à la constitution de mon état : le papa !


J’étais  donc en mission loin de mon foyer, plutôt sereine, enceinte que de 5 semaines. Comme j’avais des soirées entièrement libres j’avais décidé de faire un livre de bord de ma grossesse. Je commence à écrire et soudain je sens que quelque chose ne va pas….. Non ça ne peux pas être ça, ça ne doit pas être ça ! Sauf que je dois bien me rendre à l’évidence…. Je perds du sang. Au début je tente de me rassurer, ça ne va pas durer, je n’en perds pas beaucoup…..

Et puis à un moment, la peur prend le dessus, et si j’étais en train de faire une fausse couche ?


Je ne connais pas cette ville je ne suis sur place que depuis 1 semaine, les propriétaires du gîte que je loue sont en vacances. Je cherche l’hôpital le plus proche sur mon Iphone et me résigne à m’y rendre. Un hôpital à 10mn. Une fois sur place je me rends compte que cette putain de révision générale des politiques publiques est passée par ce coin de France, l’hôpital en question n’a pas de service d’urgences et en fait est-ce bien encore un hôpital ?


Entre temps j’ai le papa au téléphone, qui me dit de rentrer et de me reposer.

Sauf que une fois rentrée je constate que ça ne s’arrête pas, et merde comment je pourrais me reposer en pensant que je suis en train de faire une fausse couche ? En désespoir de cause j’appelle les pompiers, j’explique la situation, ils me disent de ne pas bouger, ils arrivent.


Me voilà entourée 15mn plus tard de pompiers qui tentent de me rassurer et m’emmènent à 40mn de là aux urgences d’un vrai hôpital. J’apprendrais alors que j’ai un hématome. La poche où bébé se développe n’est pas correctement accroché et le nid risque effectivement de se décrocher si l’hématome se développe. Interdiction de porter quoique soit et obligation de rester alitée jusqu’à ce que l’hématome se résorbe. Mon cher et tendre est à 5h de route, il est 1h du matin. Je décide d’appeler mes parents qui seront plus à mêmes de venir me chercher rapidement (ils ne sont qu’à 1h30 de là eux) et de m’épauler durant les prochains jours. Une maman reste ravie de pouvoir chouchouter sa fille, et mon amoureux fait brûler tout  souvent ce qu’il fait à manger, et manger devient une occupation hautement importante quand tu es enceinte !


En fait on peut garder des hématomes tout au long de la grossesse, ou les voir se résorber dès lors que bébé grossit, le « nid » en grandissant se « recolle » aux parois. Cela peut s’avérer grave ou pas du tout.

Bref tout cela pour dire que non je n’ai pas apprécié le début de ma grossesse, l’angoisse de perdre ce bébé tant attendu. Autant dire que si je n’ai pas eu les nausées matinales, j’ai envie de dire encore heureux !


Il faut aussi que tu saches que, lorsque tu es enceinte, tout le monde se sent obligé de te raconter SA grossesse, y compris lorsqu’elle s’est mal terminé ou mal déroulée. Mais enfin à quoi vous pensez les filles ? Vous avez perdu une partie de votre cerveau durant cette grossesse ?

 

Vint alors le moment où il n’était plus temps de s’inquiéter, bébé était bien accroché, et celui où ayant atteint un périmètre de circonférence confortable, mon centre de gravité s’était déplacé sans me demander mon avis et ma liberté de mouvement gravement entamé !


A ces désagréments s’ajoutent ceux de devoir faire des examens constamment, prise de sang tous les mois parce que je n’étais pas immunisée contre la toxoplasmose dont ma demi-sœur chérie, infirmière de son état m’avait bien mise en garde : "J’ai vu les ravages que fait la toxo sur les fœtus c’est horrible fait bien attention ! " OK.

Et vint également le test du « diabète gestationnel à devoir boire un truc infâme, comme si on n’était pas suffisamment incommodé…


Ensuite il y a ces putains d’hormones. Surtout ne pas leur faire confiance !! Elles te font croire que ça c’est primordial alors que l’importance réelle de la chose est inversement proportionnelle. Tu te retrouves à pleurer comme une gamine parce que y’a plus de biscuits ou d’olives dans les placards parce que merde t’en a rudement envie là tout de suite surtout que tu te prives déjà de pas mal de choses pour ce bébé !


Enfin la délivrance approche ! Tu commences un peu à flipper pour l’accouchement parce que bon les cours de préparations à l’accouchement c’est franchement pas top….et puis moi de toute façon je ne vais pas accoucher, j’ai pas trop envie, hihihi !


Surtout la césarienne se profile à grands pas : mon petit bonhomme ne s’est toujours pas retourné, il se présente mal et il a bien grossi ce bébé ! Allons bon, ça avait mal commencé, ça devait mal finir ?

Y’a celles qui te disent que c’est mieux : "A choisir, t’es tranquille quand même t’auras pas mal !" (NDA : ben voyons) et celles de la vieille école : "Han c’est dommage parce que bon tu n’es VRAIMENT mère que si tu accouches dans la douleur quoi, mais bon c’est pas parce qu’il se présente mal que tu ne peux pas accoucher normalement tu sais…"  (celles-là tu les rayes définitivement de la liste de bonnes copines parce que tu te rends comptes qu’elles sont tarées…).


Et puis tu as la mamie qui ne peut pas s’empêcher de te raconter l’histoire de son époque où on accouchait chez soi et de la malheureuse Unetelle pour qui l’accouchement c’est très mal passé et a très mal fini parce que JUSTEMENT le bébé se présentais mal et qu’il est resté coincé !! Je t’épargne les détails. Mais enfin à quoi pense les gens quand il parle à une femme enceinte ? Je vous rappelle que les hormones nous rendent hyper sensibles et que TOUT devient GRAVE pour nous !!


Après avoir recueilli subi les témoignages inutiles et angoissants, tu cherches les vraies info. Tu apprends que oui tu auras le choix dans le cadre de certaines limites : il faudra que les médecins te l’autorisent après examen de ton bassin, bébé doit pouvoir passer sachant que dans certaines positions il y a un risque de providence du cordon autour du cou de bébé...

 

Ensuite plus le temps passe moins bébé a de chance de se retourner puisqu’il grossit de manière exponentielle alors que la place elle, se réduit, ben oui ton ventre ne va pas gonfler indéfiniment tout de même…..Mais jusqu’à la dernière minute ça peut arriver !


Donc tu as le choix, sachant que ce sont des accouchements plus difficiles. Ah heu mince, on sait déjà qu’accoucher normalement n’est pas une partie de plaisir mais là si en plus ça complique la chose, bon ben finalement mon fils tu vas rester là sagement et ne jamais sortir !


En fait on te dit qu’il faut être très motivée car il faudra pousser 2 fois plus, la présentation de bébé ne t’aidera aucunement, alors qu’en principe une fois la tête sortie, le plus dur est fait et le corps passe tout seul, là tu fais le chemin en sens inverse et plus ça ira plus ce sera dur.


Autant te dire que là perso je voulais une césarienne !


J’apprends par ailleurs qu’en fonction du niveau de la maternité tu as ou non le choix : plus le niveau de l’hôpital est élevé, entendu plus il a le matériel et les structures nécessaires pour faire face au pire, et plus ils acceptent de prendre le risque de te laisser accoucher par voie basse comme ils disent (on a encore l’impression d’être une vache !). Là je me suis dit : mais ils sont trop gentils de me laisser prendre les risques que je veux pour bébé !


Dans une petite maternité tu n’as donc pas le choix, en cas de complications il ne peuvent pas faire face donc on limite les risques et c’est césarienne obligatoire.

Ce sont donc des accouchements "à risques", d’ailleurs tu seras accouchée par l’équipe entière avec un obstétricien et pas uniquement des sages femmes, et dans 65% des cas ça tourne en césarienne … !


Bref, me sentant mal partie j’envisage sérieusement le cas de la césarienne et ça tombe bien parce que les examens confirmeront. Bon ben c’est pas grave, ne prenons aucun risque pour petit bout! Hum hum……….


Durant les cours de préparation à l’accouchement on te dit qu’aujourd’hui on a beaucoup évolué dans le bien des bébés et des parents, on a « dé-médicalisé » la chose, les salles d’accouchement sont décorées, la lumière y est tamisée, tu peux y mettre de la musique et tu auras bébé tout de suite dans tes bras. On ne les prend plus pour les examiner dans tout les sens et aspirer les cavités de bébé, c’est traumatisant pour lui vous comprenez ? Donc si tout va bien on te le donne immédiatement pour le mettre au sein si tu le désires et faire du « peau à peau » parce qu’on s’est rendu compte que c’était ce qu’il y avait de mieux et que c’était sécurisant pour apaiser bébé après la difficile épreuve qu’il venait de vivre….


"Et donc en cas de césarienne, comment ça se passe ?" - "Ah là non, le papa ne pourra pas être présent vous serez seule et vous resterez en salle de réveil pendant 2 heures, on emmène bébé tout de suite, on l’examine et on le remonte immédiatement parce qu’en salle d’opération il fait froid, mais bon on vous le montrera pour que vous lui fassiez un bisou !"


G-E-N-IA-L ! Là j’ai profondément regretté le choix de la maternité, parce qu’ailleurs ça ne se passe pas du tout comme ça. Après 9 mois à l’attendre et subir moult désagréments on allait donc déloger mon petit bonhomme et me séparer de lui jusqu’à ce qu’ils jugent les effets de l’anesthésie suffisamment dissipés pour que je puisse monter dans la chambre et enfin voir mon bébé !?

J’ai eu beaucoup de mal à accepter la situation et au fond de moi ça reste une blessure parce que ces moments là je ne les rattraperai jamais.


Au-delà de ça, la césarienne t’empêche de t’occuper de ton petit bout pendant les premiers jours, rester debout pour lui changer la couche provoque de telles brulures dans ton ventre que tu ne peux pas et pour moi ça a été terrible de constater que je ne pouvais pas m’occuper de mon petit bonhomme.

J’ai d’autant plus voulu l’allaiter pour compenser, créer un lien tout de suite avec lui.

 

Aujourd’hui plus le temps passe et plus j’oublie, c’est vrai. Le temps efface les blessures. On ne retient que le positif : ces sensations de sentir ce petit être grandir en toi, le sentir t’effleurer et ensuite bouger (avant que ça devienne un ring de boxe !). Personnellement au début j’avais l’impression que des bulles éclataient doucement dans mon ventre, sensations inédites de meilleur en construction. La grossesse t’apporte aussi des moments de plénitude. Les jours qui passent avec ce petit bonhomme merveilleux, parce que c’est de mieux en mieux, effacent les désagréments de cette grossesse que j’ai assez mal vécue. Ce bébé m’apporte tellement de joies et de bonheur que dans la balance franchement, au bout du compte ce n’était rien ! Jusqu’à présent quand on me demande : "Alors le 2ème ?", je répondais "Hors de question, je n’en veux pas c’est trop galère ! on voit que c’est pas vous qui le porterez".

 

Mais, en dépit de tout ça l’envie se fera peut être sentir ….

 

Merci à Sophie de m'avoir confié ce témoignage.

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A
C'est pour toutes ces raisons (plus d'autres) qu'on vous aime et qu'on vous respecte :-)
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N
<br /> <br /> L'auteur appréciera, les femmes par ma voix te remercient !<br /> <br /> <br /> <br />